vendredi 9 octobre 2009

Qui se souvient du Casino Municipal ?

Constantine Amar MEZGHICHE

Monsieur Nuñez, qui est était déjà propriétaire du cinéma « Nuñez» (actuellement Le Royal ) situé près de la porte «El Djabia », avait sollicité et obtenu de la mairie de Constantine l’autorisation de construire un casino. En avril 1 923, il était mis en demeure de donner suite à son projet Le bâtiment devait s’élever au bs du square de la République, sur un terrain qui servait de dépôt de branchages et sur lequel on avait, envisagé d’édifier la nouvelle halle aux grains (Selon les archéologues, les vestiges d’un théâtre romain seraient enfouis sous cet emplacement).

Les travaux commencèrent sans tarder et le Casino Municipal, connu sous le nom de Casino Nunez, ouvrait ses portes en avril 1 924. On disait qu’il avait coûté sept cent mille (700 000) francs au lieu de (300 000) francs prévus. Pour son inauguration, le programme annonçait Ouvrard, comique troupier, dans son répertoire. Toutes sortes de manifestations s’y déroulaient. E4n mai 1 927, la jeune association des anciens combattants connivait les constantinois à une fête dont le bal devait avoir lieu dans la « superbe salle d’attraction casino Nunez » et l’on affirmait que « les amateurs de danses nouvelles telles que le Charleston, le black bottom, slissad of bananas, black and short step, etc., … s’y rendaient en foule lorsqu’ils savaient que le « jazz » serait Gardénia ».

En fait, le casino était d’importance moyenne et les constantinois en ont perdu le souvenir car son existence fut brève. Il reçut le premier pioche des démolisseurs en juin 1 933. Le nouveau casino, commencé le 12juillet 1 934. C’était un établissement d’un « autre rang ». Il comportait, au rez-de- chaussée, une grande salle de cinéma, « Le Colisée », pourvue d’un plafond roulant.

Dans le hall, un double escalier donnait accès aux balcons du cinéma et, au deuxième étage, à une vaste salle des fêtes de 420 mètres carrés, prolongée par une terrasse en « pergola » (construction légère, composée de poteaux, que l’on aménage près d’une maison, dans un jardin) au-dessus de la brasserie. La terrasse des Roses ». L’aménagement intérieur était luxueux, quelques petits magasins et vitrines d’exposition de bon goût ainsi qu’un kiosque à fleurs étaient aménagés sur le côté droit, le long du trottoir d’accès aux salles des fêtes et du cinéma.

La société « fermière » du « Casino » de Constantine, le maître de l’ouvrage de l’ouvrage, avait bien fait des choses. Le nouvel établissement était véritablement digne du chef-lieu du département. Les salles, son cinéma ont toujours été des endroits attrayants et beaucoup de Constantinois et constantinoises doivent y situer nombre de souvenirs de leurs jeunes années.

Au lendemain de l’indépendance ce merveilleux complexe, ce bijou avait rendu de grands services aux autorités pour ses réunions, ses spectacles. Des troupes musicales égayaient les assistants. Chacun trouvait son goût. Ce complexe était la fierté de la ville des ponts. Cette infrastructure était imposants, complète, sans défaut. Les autorités des années 1 980 avaient tenté d’y apporter quelques rénovations, de l’entretenir en déboursant des milliards qui sont partis en fumé.

Une décision assassine, criminelle a été prise sa démolition. Qui pouvait s’imposer à l’absolutisme, à la détermination d’un responsable à vouloir en finir avec ce que représentait le colonialisme ? C’est autant dire l’exiguïté de l’esprit d’un ignorant, d’un ignare, d’un inculte à l’endroit d’un édifice en avance sur son temps.

Le deuxième coup de pioche destructeur, vandale, barbare est venu mettre tous les constantinois en émoi. C’était la grande consternation, une stupéfaction. Un grand accablement à gagner les esprits de ceux qui étaient les habitués, ceux qui n’arrêtaient pas d’admirer cet éblouissant vestige. Les coups de massue mécanique détruisaient les âmes constantinoises et l’on assistait, impuissant à ce carnage, à cette boucherie, à cette extermination, à cette hécatombe. Les pans des murs tombaient et la désolation gagnait les âmes. Chaque coup porté ouvrait davantage la plaie.

A son emplacement, une stèle avec une troupe folklorique a été érigée. Vint ensuite celle représentant un Moudjahid passant le flambeau à un militaire de l’ANP Cette place a été nommée « Place de la Victoire ». Effectivement, les autorités ont vaincu la « Culture » et de quelle manière ?

Quelle place ? Une place qui sert d’urinoir aux passants. Cela empeste l’environnement. Des odeurs nauséabondes, suffocantes polluent l’atmosphère. Pauvre CASINO. Paix à son âme !!!!!!!!!!

Amar MEZGHICHE

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